Festival de Marne : Claude / Yoa - Vitry-sur-Seine

Claude. Son nom évoquerait celui de grands noms de la chanson française et pourtant, cette musique ça vous laisse un drôle de goût acide. Des synthés corrosifs et des couplets caustiques et lucides qui masquent mal la sensibilité́ d'une nouvelle voix qu'on entend une fois et qu'on n'oubliera plus. À 24 ans, Claude est l’exemple parfait d’une génération désenchantée et anxieuse, mais qui danse. Et tandis que les autres chantent pour échapper au brouhaha permanent, Claude s’en imprègne. Il le vit et le laisse le consumer. Claude compose, aussi. Il aime les boites à rythme brouillonnes, les basses schématiques. Claude écrit. Plus par catharsis que pour la poésie. Les rimes, c'est pas grave.

Yoa. Un sérum de vérité, de lucidité et de contemporanéité : telle est Yoa, l’enfant prodige de la pop aux pulsations électro. A 26 ans, en seulement trois ans, la chanteuse franco-suisse passée par le théâtre a construit un univers musical et scénique qui se révèle aussi efficient que The Substance, le sérum de jouvence dans le film choc du même nom. Car Yoa injecte de la modernité dans tout ce qu’elle touche. Avec ses chansons tristes aux textes infiniment générationnels, très personnels et profondément touchants, ses concerts sexy badass mâtinés de twerk intello, l’artiste redonne des couleurs à la pop française, bouscule les codes, dépoussière les thèmes en évoquant la santé mentale, les violences sexuelles, les idées suicidaires, les chagrins d’amitié ou les amours hors du patriarcat et de l’hétéronormativité. Bête de scène et autrice-compositrice-productrice cérébrale, fille de parents immigrés bohèmes ayant grandi à Saint-Germain-des-Près, actrice recalée aux castings pour sa couleur de peau mais chanteuse nommée dans les catégories révélations féminine & scénique aux Victoires de la Musique 2025, Yoa réunit plusieurs mondes et fédère un public emo et ému par sa personnalité aussi unique qu’explosive. En France, personne n’incarne mieux qu’elle l’époque, et le désenchantement teinté d’ironie de la génération TikTok/ post-MeToo.